Pétitions pour sauver les forêts (et leurs habitants)
(Extraits, modifiés, d’un article publié en août 2008 dans Le Pic-Vert, bulletin d’information de l’association Bruche Environnement, Schirmeck.)
Les forêts tropicales
Les forêts tropicales humides (forêts pluviales) disparaissent à raison de plus de 10 millions d’hectares par an. Dans les pays en voie de développement, c’est la première cause de l’accumulation atmosphérique de CO2. Dans les autres pays, c’est la deuxième. En moyenne, la déforestation et la dégradation des forêts contribueraient pour 20 % à l’augmentation de l’effet de serre. Pour tenter de limiter le réchauffement global à moins de 2°C, la Commission européenne a proposé, le 1er janvier 2007, de commencer par la mesure la plus facile et la moins coûteuse (d'après le Rapport Stern, 2006), qui consiste à stopper la destruction et l'appauvrissement des forêts tropicales. Lors de la réunion de Bali (2007), cette proposition a été retenue en vue d’une négociation qui devait avoir lieu en 2009.
Parmi les humains les plus pauvres, on en compte environ 1,6 milliards dont la survie est liée à l'intégrité des forêts tropicales, au moins en partie. Elles leur assurent un environnement physique convenable, un abri, de l'eau de qualité, des aliments (gibier, plantes comestibles), des revenus pour eux-mêmes et pour leurs pays. La mise en place d’une gestion durable de ces forêts est donc vitale pour cette partie importante de l'humanité.
Il faut d'urgence faire cesser l'abattage illégal des arbres. Pour cela, il faut que l’administration locale soit forte, intègre et motivée. Or, la corruption persiste, même dans des pays relativement prospères.
L’Union Européenne (UE) constitue aujourd’hui, avec les Etats-Unis, le Japon et la Chine, un des principaux marchés de consommation du bois, en particulier en provenance des forêts tropicales et boréales du monde entier. Elle importe directement du bois brut mais aussi des produits finis ou semi-finis en provenance de Chine, de Russie, d’Amazonie et d’autres pays spécialisés dans la transformation du bois. Il est donc important que l’Europe encadre son marché du bois, un secteur qui figure parmi les moins réglementés. Parmi les pays membres, la France est l’un des premiers importateurs de bois tropicaux.
Les forêts pluviales ont une biodiversité maximale : cent à plusieurs centaines d’espèces différentes d’arbres par hectare, et une faune en rapport avec cette richesse spécifique. Elles sont hautes et serrées (ombrophiles). Le département de la Guyane, avec son morceau de forêt amazonienne, compte 5 750 espèces végétales, 718 espèces d’oiseaux, 183 espèces de mammifères, 480 espèces de poissons et 108 espèces d’amphibiens.
À l'issue de la réunion de Potsdam (G8, mars 2007), une Initiative pour la biodiversité a été mise sur pied. Mr Pavan Sukhdev en est chargé, avec son organisation implantée en Inde, The Economics of Ecosystems & Biodiversity (TEEB). La première partie du travail a été présentée en mais 2008 à Bonn. La deuxième était prévue pour 2010.
Les causes de la destruction des forêts primaires tropicales ne se limitent pas à l’exploitation des bois. On crée des forêts artificielles, dites secondaires, pour planter des espèces ligneuses plus rentables, souvent importées (eucalyptus), des plantations de palmiers à huile (pour l’huile alimentaire et pour l’élaboration de biocarburants), ou des vergers (production de fruits). On les supprime pour obtenir des surfaces cultivées ouvertes (canne à sucre, soja) et des pâturages (bœufs).
Dans un article scientifique (Proc. Nat. Acad. Sci. USA, vol. 105, p. 9439–9444, 2008), Ruth DeFries et ses collaborateurs ont fait le bilan des observations réalisées par les satellites pour la période 2000–2005. Plus de 27 millions d’hectares de forêts pluviales ont disparu, soit en gros 2,4 % de leur surface totale. La vitesse de cette réduction est voisine de celle déjà relevée durant les années 90.